6 septembre 1522
Le tour du monde de Magellan et Del Caño
Le 6 septembre 1522, une nef en piteux état entre dans le port de
San Lucar, en Andalousie. À son bord, 18 hommes commandés par un ancien
bagnard, Juan Sebastian del Caño.
C'est tout ce qui reste des 5 caravelles et des 265 marins qui
ont quitté l'Espagne trois ans auparavant, le 19 septembre 1519, en
direction de l'ouest, sous la direction de Fernand de Magellan.
Un loup de mer brutal
Né au
Portugal quarante ans plus tôt, Fernao de Magalhaes (Magellan en français) s'est porté volontaire auprès du jeune roi d'Espagne
Charles Quint pour contourner le continent américain et rallier l'Asie par l'océan Atlantique, ce que n'avait pas réussi
Christophe Colombtrente ans plus tôt.
Il part avec cinq navires et 265 hommes, longe le continent
américain vers le Sud, relâche à Noël dans la baie où sera plus tard
fondée Rio de Janeiro.
L'impatience grandit à mesure que se prolonge le voyage. Elle débouche sur des mutineries que Magellan mate avec brutalité.
La découverte de l'océan Pacifique
Le 21 octobre 1520, la flotte s'engage dans le détroit qui
portera désormais le nom de Magellan. Voyant sur la rive, côté Sud, de
nombreux feux allumés par les indigènes, les marins baptisent cet
endroit
Terre de Feu. Le 28 novembre, c'est le débouché sur un
nouvel océan, exceptionnellement calme et lisse ce jour-là, ce qui lui
vaut d'être baptisé
Grand Océan Pacifique !
Plus de trois mois s'écoulent avant d'atteindre le 6 mars 1521
l'archipel des Mariannes, en pleine Océanie, puis l'île de Cebu, dans
l'archipel des Philippines.
L'un des marins, un
esclave malais baptisé Henrique, reconnaît ses congénères et ne tarde
pas à les rejoindre. Il est ainsi le premier homme à avoir fait le tour
du monde.
Le 27 avril 1521, Magellan est blessé par une flèche empoisonnée
et meurt dans une embuscade avec huit de ses hommes. Il ne reste bientôt
plus qu'une caravelle en état, la
Victoria. Une partie des
hommes doivent demeurer sur l'archipel des Moluques cependant que le
pilote del Caño prend le commandement du navire. Il le mènera à bon port
après avoir rempli les cales d'épices.
Le jour de trop
En arrivant aux îles du Cap Vert, l'une des dernières étapes
avant Lisbonne, Juan Sebastian del Caño a une surprise. D'après son
journal de bord, qu'il a tenu consciencieusement jour après jour depuis
le départ, on serait un mercredi. Or, ses interlocuteurs du cru lui
affirment qu'on est jeudi ! D'où vient l'erreur ? Chacun s'interroge et,
faute de réponse, on finit par conclure à une erreur dans le journal de
bord...
C'est en retrouvant bien plus tard cette anecdote dans une bibliothèque espagnole que Jules Verne aurait eu l'idée de son roman
Le tour du monde en quatre-vingts jours (son héros Phileas Fogg fait le tour du monde en sens inverse de Del
Caño et gagne de justesse son pari du fait du même phénomène, lié à la
rotation de la Terre et aux fuseaux horaires).
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